Microbrasserie Ruisseau Noir : suivre le courant de l’évolution

Dans un marché où les tendances changent au rythme des saisons, il faut toujours demeurer à l’affût et tenter de prédire quelles seront les saveurs du mois. C’est ce que la microbrasserie Ruisseau Noir de Terrebonne apporte depuis sa fondation il y a cinq ans.

Entrepreneur général dans la ventilation depuis 2004, Antoine Dubois est un homme de défis. Dans un domaine où la question de rester petit ou d’agrandir de façon exponentielle revient constamment, il se trouvait à la croisée des chemins. Il avait soif de défis.

L’un d’entre eux était l’univers brassicole. « Je brassais depuis un certain temps à la maison. Un jour, avec mon partenaire d’affaires Marc Desbiens, on s’est dit : on le fais-tu? », raconte-t-il dans les bureaux de la microbrasserie, située sur le boulevard des Entreprises.

Ils ont ainsi découvert, sur Kijiji, une annonce d’un professeur de cégep montrant les rudiments du brassage de bière. La formation coûtait 125 $.

« On avait fait ça avec un poêle de camping et des chaudières! Mais le résultat était très satisfaisant. Par la suite, nos amis en demandaient dans nos partys, et l’idée a commencé à croître dans nos esprits », poursuit-il.

Après avoir pris l’expertise de consultants pour reposer le projet sur de bonnes assises, c’est en 2017 que la Microbrasserie Ruisseau Noir voit le jour. « Au départ, il n’y avait aucune micro dans les environs, et lorsqu’on a fait notre demande, la Brasserie Mille Îles est partie! », s’exclame-t-il, assurant que la bande à Maxime Lapointe sont de bons amis et de bons collaborateurs.

La microbrasserie est également une histoire familiale. Elle doit son nom au Club de tir le Ruisseau noir, fondé en 1964 par le grand-père de Antoine Dubois. Il s’agit aussi d’un cours d’eau traversant une forêt de pins rouge, planté six ans auparavant, qui noirci durant une certaine période de l’année en raison de la terre glaise qu’il contient.

« C’est un beau clin d’œil, car on poursuit la lignée familiale. Elle va continuer dans une autre branche que celle de procurer aux chasseurs un endroit où se pratiquer, mais le ruisseau lui, va toujours rester. Ce ne sera plus de l’eau qui coulera, mais de la bière! », s’exclame-t-il.

Des produits pour tous les palais

En mettant pied à l’intérieur de la microbrasserie, outre son côté convivial, l’un des premiers détails qui retient l’attention est l’étendue de produits qu’elle propose à sa clientèle. Tous les styles sont explorés, afin de pouvoir plaire à n’importe quel amateur de bière, peu importe ses préférences.

« On a un large éventail. Des bières fruitées aux sures, on passe aussi par les IPA, les bières classiques et des saisonnières. On est épicurien à la base, on aime manger et boire, alors le tout fait partie de l’expérience », mentionne-t-il.

Des produits qu’il brasse depuis les débuts, la Rousse poivrée est une favorite parmi sa clientèle la plus fidèle et des curieux. D’ailleurs, elle fait maintenant partie d’une fondue, concoctée par 1001 fondues, ainsi que d’une sauce barbecue, confectionnée par le dépanneur Chez Gibb en Abitibi. « Elle est pas trop épicée, mais elle a un bon petit kick. C’est un bel accord avec un burger ou un steak. »

Lors de notre passage, la Zombie, une smoothie sour aux framboises, canneberges ainsi qu’à l’hibiscus, venait d’être encannée. On avait raté les premiers brassins, mais l’attente en a valu la peine, puisqu’elle occupe désormais le sommet de notre liste coup de cœur, détrônant un autre produit travaillé avec de l’hibiscus, la Gose lavande. Pour être sûr de ne pas en manquer, on est partie avec un paquet de quatre canettes.

De plus, au départ, il n’existait aucune offre alimentaire. Elle est arrivée plus tard et Antoine Dubois mentionne qu’elle a obtenu une poussée supplémentaire l’été passé, avec l’embauche d’un cuisinier.

« On a diversifié notre offre de nourriture. On est allé chercher notre permis bar en novembre et ça nous a ouvert de nouveaux horizons. Plusieurs personnes ne venaient pas parce qu’on servait que de la bière. Désormais, on a pu augmenter également notre offre de boisson avec des cocktails à base de bière. Avec notre cuisine, ça nous a permis aussi d’attirer une nouvelle clientèle, qui passe plus de temps avec nous », a-t-il fait savoir.

Par contre, jamais l’essence même de la microbrasserie a été modifiée ou atteinte. Le menu s’allie avec les produits sur place et la proximité avec les clients permet des ajustements.

Vers l’autosuffisance

Lorsqu’on parlait plus tôt de vision, c’est ici qu’elle entre en ligne de compte. Lorsque questionné sur les plans à long terme de la microbrasserie, Antoine Dubois veut qu’elle soit autosuffisante dans quelques années.

« Oui, on veut agrandir le pub. Ça va peut-être se réaliser. Oui, on veut agrandir le taproom et continuer nos tests sur des bières, mais la clé, c’est l’autosuffisance. »

Pour y arriver, il explique qu’il a l’intention de produire ses matières premières, dont l’orge, sur la terre familiale. « Puisqu’il faut faire des rotations sur les terres, le sujet a été amené sur le fait de produire notre propre orge brassicole. Cela nous permettrait de réduire notre achat à l’extérieur du Québec, et nous amener vers une certaine autosuffisance. »

Il renchérit sur le fait qu’il a débuté à acheter du malt québécois afin d’avoir un produit à leur image. « il resterait à trouver une malterie pour malter le grain », laisse-t-il entendre.

Gageons qu’avec la détermination dans les yeux de Antoine Dubois, ce n’est qu’une question de temps avant que la Microbrasserie Ruisseau Noir se retrouve, une fois de plus, en amont du courant.