L’Apothicaire : des élixirs européens brassés à Saint-Jacques

Il paraîtrait qu’il y aurait, sur la rue Marcel-Lépine à Saint-Jacques, des brasseurs d’élixirs qui vendent des breuvages savoureux procurant bonheur, tout en étanchant la soif. Si bien que de nombreux clients font la file pour s’en procurer… Bienvenue dans le monde de L’Apothicaire!

Ce monde, créé par David Bérard, Louis Rocheleau et Pierre-Luc Gagné, provient de leur amour inconditionnel du « lovecraft ». « C’est vraiment un melting pot de nos passions. On adore le vieil anglais et on a voulu faire quelque chose d’unique et ça a marché. Nos influences pour la création sont inspirées du gaming, de la musique et de la littérature, plus particulièrement de l’univers de H. P. Lovecraft, qui donne dans la science-fiction et l’horreur. Les gens ont embarqué dans notre trip », confie Pierre-Luc.

Ce dernier, ancien policier de carrière, raconte que cette idée lui trottait dans la tête depuis un bon moment. « L’idée de brasser de la bière venait plus me chercher que mon travail de policier », poursuit-il. Ainsi, il a commencé à faire ses armes chez Hopfenstark, située à L’Assomption à l’époque, où il a travaillé pendant cinq ans.

« Frédéric (Cormier, propriétaire de Hopfenstark) m’amenait visiter New-York pour déguster des bières et j’étais impressionné de constater jusqu’où on pouvait aller avec le produit. Après avoir quitté, j’avais toujours le goût de continuer dans le domaine de la bière. J’avais quelque chose à dire. »

Après son passage, c’est à la Brasserie artisanale Albion qu’il a poursuivi son chemin brassicole en temps que serveur. C’est également à ce moment qu’il rencontre son futur associé, David Bérard. « J’ai eu du temps pour peaufiner le projet, puisque je travaillais entre 20 et 25 heures. Tranquillement, il s’est matérialiser et nous avons parti la brasserie en 2018 », fait-il savoir.

À l’européenne

Vous trouverez dans la lignée de produits de L’Apothicaire beaucoup de bières inspirées du Vieux continent : Dubbel, Porter, Witbier et Svetly Lezak, notamment.

« Quand j’ai commencé le plan d’affaires, je n’étais pas satisfait de l’offre des bières sur les tablettes. On se disait que nous n’étions pas les seuls à penser ça et que nous avions quelque chose à apporter dans le monde de la bière. On était en plein dans la vague des IPA, et c’est un style qui ne venait pas me chercher, alors j’ai décidé de brasser des bières que j’avais le goût de boire », mentionne Pierre-Luc, installé derrière le bar, où jouait un vinyle, un des nombreux cachets de la microbrasserie.

Bien entendu, l’influence du style européen provient du maître Cormier chez Hopfenstark pour Pierre-Luc. D’ailleurs, il souligne que son voyage en République Tchèque lui a aussi donné le goût de produire des bières d’inspiration de ce pays « avec des céréales qui brillaient ». De son côté, David est davantage du côté anglais, de par ses années à l’Albion.

Après avoir goûté quelques élixirs au cours de notre entretien, force est d’admettre que le travail est bien fait, peu importe le style privilégié. Le porter belge est exquis, et la Lager Amarillo est bien balancée. « On traite nos bières avec respect, lance David. Je pense à nos Pilsner. »

« Quand on a commencé, on ne savait pas comment ça allait sortir. On s’est ajusté et je suis encore surpris à quel point nos bières sont bonnes après tout ce temps. On utilise des ingrédients de qualité et on voit que ça compte, en plus de nos expériences dans d’autres microbrasseries. On travaille minutieusement et on démontre toute notre éthique de travail dans nos produits », renchérit Pierre-Luc.

Poche, blé d’Inde et musique métal

Outre des élixirs divins, un autre détail qui caractérise L’Apothicaire est son amour pour la musique métal, passion que partagent David et Pierre-Luc. Au fil des années, des associations avec des groupes de même que des festivals ont amené une nouvelle clientèle, qui s’identifie désormais à leurs bières.

« Pendant la pandémie, les gens socialisaient pas mal moins et c’est difficile de les faire venir à la brasserie. En plus de notre créneau musical, on a amené des modifications à notre terrasse extérieure, en plus de quelques activités, pour permettre aux gens de se rassembler », laisse entendre Pierre-Luc.

Ce n’est d’ailleurs pas les rassemblements qui manquent depuis : dégustation d’huîtres et du Stout aux huîtres avec le restaurant Au Saint-Jacques, ligue de poche, épluchette de blé d’Inde, visionnement de film de ninjas… il y en a pour tous les goûts! La terrasse s’est aussi munie d’un toit afin de profiter pleinement des belles journées estivales.

Pour le futur, c’est également ce que les gars veulent se concentrer : augmenter sa force locale. Des projets de ligue de dards, projection de parties de hockey du Canadien et des collaborations avec les entreprises des environs font partie de leur vision à court et moyen terme.

« On le voit plus comme un entraînement de judo. On veut continuer le perfectionnement de nos pratiques, voyager davantage pour voir ce qui se fait dans les styles traditionnels et modernes ailleurs et peut-être élargir notre gamme de produits avec un chai », conclu-t-il.

Une chose demeurera par contre : L’Apothicaire poursuivra sa quête d’offrir des breuvages où la posologie est de consommer avec modération!